Dans le prolongement de ses initiatives au profit des PME, la Banque centrale des états de l’Afrique de l’ouest (BCEAO) va adopter et faire adopter par les Etats de nouvelles mesures d’incitation pour donner un coup de fouet au financement bancaire de cette catégorie d’entreprises.
Par Redaction de PmeAfricaines.com
En ce début d’année 2018, la BCEAO) a manifesté, à travers une note, sa volonté d’agir sur les conditions d’offre de financement en rendant plus attractifs les crédits bancaires accordés aux petites et moyennes entreprises (PME) de l’Union. Pour ce faire, la Banque centrale propose un mécanisme qui devrait amener les pouvoirs publics des Etats membres de l’Union Economique et Monétaire Ouest Africain (UEMOA) à adopter des mesures d’incitation en faveur des PME et de surcroit, de sélectionner des structures d’appui et d’encadrement habilitées à accompagner les PME. Le mécanisme doit permettre l’homologation des tarifs des prestations desdites structures d’une part, et d’autre part permettre aux établissements de crédit de refinancer auprès de la Banque Centrale, leurs créances sur les PME. L’objectif de ce dispositif est de créer un écosystème favorable à la PME, en particulier à son financement, en vue d’accroître la contribution de cette catégorie d’entreprises à la création de richesses et à la lutte contre le chômage. Mais, la mise en place de ce dispositif est liée à la réalisation d’un certain nombre de diligences en cours au sein des Etats membres de l’UEMOA.
Les mêmes caractéristiques dans toute l’union :
Les PME présentent des enjeux majeurs, notamment en matière de contribution à l’intégration économique sous – régionale, à la participation à la cohésion sociale, à la création de richesses, et d’emplois. Par conséquent, chaque Etat membre de l UEMOA doit se donner tous les moyens pour booster ses PME et trouver les voies et moyens pour organiser et réglementer le secteur ou la filière de ses PME. Le tissu économique de l’UEMOA est constitué essentiellement de PME qui participent de manière positive à la croissance économique, au développement régional et local. Elles représentent près de 80 à 90% des entreprises de l’union, mais ne contribuent que pour moins de 20% en moyenne à la formation du PIB des États membres. Et s’il y a une question qui préoccupe le plus les acteurs des Pme, c’est celle des mécanismes d’accompagnement et notamment le manque de financement, d’une manière générale. Leur nombre continue de croître, notamment au niveau des petites et très petites entreprises évoluant souvent dans le secteur informel. La charte des PME de l’UEMOA distingue trois (3) sortes de PME qui mènent leurs activités en conformité ou pas avec la réglementation ; dans le cadre formel ou informel. Il s’agit de micro, de petites et de moyennes entreprises. Cette situation s’explique par l’avènement de politiques de l’emploi non salarié mises en place par les gouvernements des pays de l’Union en direction des jeunes et des femmes, qu’ils soient diplômés ou non.
Le financement une question qui préoccupe :
La plupart des PME des pays membres de l’espace UEMOA présentent plus ou moins les mêmes caractéristiques et font face aux mêmes difficultés ; elles sont constamment confrontées à des besoins de trésorerie pour leurs dépenses de fonctionnement (salaires, loyers, etc.), et à des besoins d’investissement, et d’exploitation (par exemple l’exécution de marchés etc). Malheureusement, elles ont des difficultés à se financer auprès des banques, au point que le partenariat entre banques et Pme semble bien difficile. Cependant, la problématique du financement des PME ne date pas d’aujourd’hui et les actions entreprises jusque-là n’arrivent pas à adresser cette situation de malaise qui prévaut entre les acteurs. Les dirigeants des Pme trouvent les banques trop exigeantes et trop attachées à leur demande de garanties pour octroyer les prêts. Et comme si les garanties ne suffisent pas, les taux de crédit pratiqués par les banques restent encore élevés pour les PME. Toutes ces contraintes font que bon nombre de Pme préfèrent s’orienter vers les Institutions de microfinance et depuis quelques temps la méso finance. Certaines se tournent vers les financements alternatifs qui ne sont pas encore bien répandus dans l’espace francophone et n’offrent que des ressources assez limitées tels que le crowdfunding, les business angels, le crédit-bail et autres. Le capital investissement et le capital risque peinent encore a prendre leur envol à l’exception notoire de la Côte d’ivoire qui dispose d’un marché financier plus mature. Par contre, les banquiers, eux, estiment que la plupart des Pme n’arrivent pas à accéder aux financements des banques locales, qui restent pourtant très liquides, tout simplement parce qu’elles ne sont pas assez bien structurées en termes d’organisation, de comptabilité, de présentation d’états financiers cohérents, de rapports d’audits externes, de projets dits bancables, etc.
Si la plupart des Pme ouest africaines recherchent désespérément des fonds pour booster leurs affaires, l’initiative de la BCEAO vient à son heure car beaucoup de PME ont disparu et la grande majorité de celles qui survivent sont asphyxiées. Leurs dirigeants ont perdu confiance faute de n’avoir pas eu gain de cause après plusieurs sollicitations auprès des banques pour financer des projets qui leur étaient chers. Tout compte fait, la solution passera non seulement par une meilleure structuration des Pme – grâce à la rationalisation et à l’optimisation des services non financiers qui leur sont offerts par les structures d’appui – mais aussi par la transparence dans les informations financières et comptables fournies par les Pme, gage de confiance entre ces deux parties pré citées. En plus de la volonté de la BCEAO de mettre en place un écosystème financier adapté aux Pme, l’UEMOA devrait, pour accompagner l’initiative, créer notamment un fonds de garantie des Pme, un fonds d’investissement et un fonds pour l’innovation ; développer un écosystème entrepreneurial innovant et compétitif ; faciliter l’accès des Pme aux marchés publics et privés.
Rappelons que pour améliorer le financement des économies de la zone, le Conseil des Ministres de l’UEMOA, avait adopté, lors de sa session ordinaire tenue le 29 septembre 2015 à Dakar, le dispositif de soutien au financement des PME/PMI dans les Etats membres de l’UEMOA. C’est dans cette même veine que la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Bceao) a créé ses Bureaux d’information sur le crédit (Bic) dans chaque pays pour collecter des informations financières et non financières sur les individus et les entreprises. Les banquiers y ont déjà recours pour leur analyse de risque crédit et apprécier la crédibilité de leurs clients pour désormais octroyer leurs prêts. Il s’y ajoute l’ouverture du troisième compartiment dédié aux Pme depuis le 19 décembre 2017 au sein de la Bourse Régionale des valeurs mobilières (Brvm) qui devrait assurément donner un nouveau souffle aux PME ambitieuses et courageuses pour lever des fonds considérables sur le marché financier.
En tout état de cause, il devient de plus en plus évident que l’expansion économique de chaque pays de l’espace UEMOA ne saurait se réaliser sans un développement durable des PME quand on sait qu’aucune des économies concernées n’a une tradition industrielle marquée. Ce développement ne peut s’effectuer non plus sans une centralité accordée à la question du financement de ce maillon essentiel du tissu économique de nos pays dans les choix économiques de nos Etats, et sans un soutien cohérent et structuré des institutions communautaires et des pouvoirs publics nationaux.