SONATEL, la locomotive de la croissance des PME et des Start up ouest-africaines ?

La Société Nationale des Télécommunications du Sénégal SONATEL a publié, au titre de l’exercice  2018,  des résultats en hausse marqués par de solides performances  et a battu un record au  niveau de  son chiffre d’affaires sans épater pour autant les investisseurs de la Bourse Régionale des Valeurs Mobilières (BRVM).

Par LATYR DIENG

L’entreprise, dont le groupe français Orange est le premier actionnaire, a gardé sa place de leader  du secteur  des télécoms  dans l’UEMOA grâce à  de solides performances commerciales portées principalement par la branche mobile qui  a connu une hausse  (+36,1% par rapport à 2017) avec notamment Orange money  et ses 13,1 millions de clients  qui contribuent pour 6% au chiffre d’affaires global. Le  résultat net de la SONATEL pour 2018 a atteint 208 milliards FCFA, soit une croissance de 0,4 % par rapport à 2017 pour un  bénéfice net de 462 milliards de francs Cfa, soit une hausse de 2,2% par rapport à 2017. En effet, les états financiers, de l’exercice 2018, nous révèlent que l’entreprise a franchi le seuil  psychologique des 1000 milliards de FCFA de chiffre d’affaires. Ce plafond de verre qui a été  percé  était  dans les limites de ce qui était attendu sur le marché et  c’est maintenant chose faite avec un chiffre d’affaires consolidé de 1022 milliards soit (+1,4% par rapport 2017 où le chiffre d’affaire consolidé était à 972,9milliards). Cependant, ces belles performances de la SONATEL dont le chiffre d’affaires record et  un dividende de 1500 FCFA par action, ne lui ont pas permis d’obtenir  de bons gains de ses  filiales ni de  convaincre la communauté financière sur sa rentabilité puisque les investisseurs  et les analystes  ont les yeux rivés sur les indicateurs suivants : la progression du chiffre d’affaires (+5%) en 2018 a été moins vigoureuse que celle réalisée en 2017 (+7,5%) ; le poids de la marge brute d’exploitation ou EBITDA, est ressorti à 45,3%, son niveau le plus bas depuis l’année 2016 ; la marge d’exploitation et la marge nette qui ont perdu respectivement 5 et 4,1 points de pourcentage entre 2016 et 2018;  alors que les créances à recouvrer s’élèvent à 129,7 milliards de FCFA au terme de cet exercice 2018, contre 120,9 à la fin 2017.

L’informatique du futur et  la croissance des PME au cœur de sa stratégie

Apres une stratégie de croissance externe  par la création de nouvelles filiales, la SONATEL change de fusil d’épaule en changeant son  modèle créateur de valeur  pour une croissance organique soutenue. Ainsi, SONATEL est  devenue certes un opérateur multiservices qui ambitionne d’être le partenaire privilégié de la transformation numérique en cour des entreprises un peu partout sur le continent, mais également, un donneur d’ordre pour ses commandes et projets.  Au titre du développement du secteur privé local, fait-elle également valoir, les activités du groupe ont généré au profit des entreprises locales dont des PME, pour  plus de 148 milliards de FCFA de chiffres d’affaires. Aussi, elle mise sur des usages de données et vise le développement des contenus locaux, le rapatriement des portails hébergés à l’extérieur, la mise en place d’un écosystème pour les développeurs…

L’opérateur se positionne comme une locomotive de la croissance des PME et des startups africaines de manière générale et sénégalaises de manière particulière. Elle a noué de nombreux partenariats  pour développer son business  avec les Pme et les start Up : l’Agence d’Encadrement et de Développement des PME (ADEPME) et SONATEL ont mis en commun leurs moyens, leurs expériences et leurs stratégies pour permettre aux PME encadrées par l’ADEPME de bénéficier des opportunités qu’offre le Cloud pour développer leurs business en lançant CloudNine, une plateforme IT dédiée aux PME. Parallèlement, la SONATEL dans le cadre de sa démarche RSE, apporte son appui au  CTIC Dakar, un incubateur  qui a pour mission de faire émerger des Start Up d’envergure régionale et internationale et de contribuer à la construction du meilleur écosystème numérique d’Afrique de l’Ouest.

Pour renforcer son soutien aux PME, la Société de télécom a enfin investi 900 millions de FCFA pour être actionnaire du fonds d’investissement Teranga Capital, dédié au financement et à l’accompagnement des petites et moyennes entreprises sénégalaises. À noter aussi que la SONATEL a construit sur  3,5 hectares à Rufisque un Datacenter certifier  Design Tier III qui va permettre à de nombreuses entreprises et administrations de la zone UEMOA d’externaliser leurs serveurs avec la garantie de conserver leurs données aux normes de sécurité internationales sur le territoire sénégalais.

Aussi, elle se positionne dans l’informatique du futur le « cloud computing » (l’informatique en nuage), et déploie les architectures cloud qui lui permettront d’offrir dans le même temps tous les services basés sur le cloud notamment : l’hébergement de données sur internet, la connectivité, la sécurité, le commerce en ligne etc.

Dans cette optique d’un possible changement de cap, la rentabilité sera-t-elle encore au rendez-vous ? Par quelle alchimie va-t-elle suffisamment se  rentabiliser aux yeux  des investisseurs de la BRVM? De prime abord, il est difficile de répondre à ces questions. Certes, SONATEL semble avoir trouvé un relais additionnel au service de ses filiales  en jetant  son dévolu sur les PME et Start up  ouest  africaines  pour relever définitivement le défi de la rentabilité. La toute dernière initiative dans ce sens, c’est l’organisation du 28 février au 15 mars de la 4e édition de l’accélérateur de start-up Sénégalaises (Orange FAB), une compétition qui s’adresse aux PME de moins de 4 ans d’existence à la recherche d’un appui technique, technologique et financier avec à la clef, une récompense comprenant un financement  à hauteur de 10 millions de FCFA, un accès  à des locaux dédiés Orange FAB Sénégal entièrement équipés et à des formations. En tout état de cause, l’amélioration  de  la rentabilité et la création de valeur pour l’actionnaire devraient être générateur de surperformance boursière.  Alors, il ne lui  reste plus qu’une mise en œuvre d’un politique tout azimut d’optimisation des coûts. 




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