Chaque entreprise raconte une histoire, généralement faite de hauts et de bas. Celle de LYSA & CO remonte en 1982 dans une maison avant de connaitre un tournant décisif 30 ans après grâce à la détermination d’une femme qui lui a imprimée une toute autre trajectoire en réussissant en si peu de temps à transformer une entreprise familiale artisanale de transformation agroalimentaire en une unité moderne semi-industrielle qui se tourne aujourd’hui vers les marchés internationaux. Son nom madame SYLVIE SAGBO.

Le parcours entrepreneurial de Madame Sylvie Sagbo Gommard la patronne de LYSA & CO est celui d’une aventure pour le moins chanceuse. C’est la rencontre d’une forte volonté, celle de revenir au bercail après plus de 18 ans passés à l’extérieur en abandonnant carrière et confort douillet des marchés financiers pour venir reprendre une petite entreprise familiale. Une gageure et un saut dans l’inconnu qui contre toute attente semble lui réussir.
Togolo-benino- sénégalaise née au Sénégal, de parents béninois, Sylvie Sagbo Gommard a fait son cursus scolaire à Dakar, et une partie de son cursus universitaire à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD). Elle a dû quitter le Sénégal en 1994 pour la France à la suite des perturbations (session unique en 1993, suivie de l’année invalide en 1994) qu’a connues l’UCAD où elle faisait une licence à la faculté des sciences économiques. Ces perturbations l’avaient amenée à partir s’inscrire à l’Université de Rouen en France. Titulaire d’un Master en Finance et marchés des capitaux, Sylvie a travaillé en France pendant 18 années autour de la finance de marchés en tant que consultante sur des problématiques liées à la gestion de portefeuille : tout ce qui est Assset management, actions, obligations. Elle travaillait avec des traders autour de la Bourse et implémentait des logiciels pour gérer des portefeuilles de clients dans différentes sociétés. Elle a donc fait ca pendant 18 années. Un moment, elle en avait marre et a décidé d’arrêter la finance de marchés pour ouvrir un restaurant en France en région parisienne. « J’avais envie de proposer une cuisine métissée, un restaurant afro-asiatique parce que j’avais remarqué que la cuisine sénégalaise et africaine en général, était très peu connue » explique Mme Gommard. Cette cuisine n’était connue que dans certains quartiers alors qu’on avait de bonnes choses à offrir à manger. J’avais donc envie de proposer une cuisine métissée à tous ceux qui travaillaient dans le milieu professionnel en France pour une clientèle plus européenne qu’africaine ».
Selon ses dires, elle proposait des plats biens connus à Dakar comme du Yassa, du thieb bou dienn et des repas un peu métissés comme « le poulet afrobase », le poulet Normand etc. « Je m’amusais à proposer des cuisines africaines que je connaissais, mélangées à la cuisine française ».
Elle a fait ca pendant trois années avant de revenir à ses anciens amours, la finance des marchés. Elle donne les raisons de ce comeback : « parce que tenir un restaurant c’est bien mais ca ne rapporte pas financièrement beaucoup à l’époque. L’idée c’était de monter une équipe capable de tenir un restaurant et de retourner plus tard à mon job. Mais malheureusement quant j’ai quitté le restaurant, l’équipe n’a pas su tenir et je me suis aperçue 6 mois après ma reprise de mes activités dans la finance de marchés, que l’affaire n’était pas si rentable que ca. J’ai donc arrêté l’activité. »
Mais cette première mésaventure entrepreneuriale est loin de décourager celle qui avait dans son adn la fibre entrepreneuriale.
Il faut dire qu’elle a toujours eu cette envie de changer. Déjà quand elle était dans la finance des marchés, elle s’était déjà mise à son compte ; « parce que freelance, j’étais facturée à la journée et au bout de trois ans, je suis passée à mon compte en me disant que je ne devrais pas continuer à travailler pour eux comme ca ».
Apres cette aventure entrepreneuriale dans la restauration qui a mal tournee, Sylvie est restee tenaille par l’envie de changer. « j’ai eu envie de changer. Et j’ai essayé de revenir sur Dakar pour prendre la relève de l’entreprise de ma mère. La venue de mes jumeaux m’a aussi un peu « boostée » parce que c’était compliqué à gérer. Je me suis dit que c’était le bon moment pour revenir. Et comme ca faisait un bout de temps que je rentrais régulièrement à Dakar, j’avais senti dans les années 2012-2013 que les choses bougeaient un peu au Sénégal. Je sentais cette croissance et j’avais envie de faire partie, de mettre une pierre à l’édifice. J’ai donc franchi le pas pour quitter la finance des marchés et revenir vendre des cacahuètes ici à Dakar ! » A la question de savoir si aujourd’hui elle ne regrette pas d’avoir abandonné sa carrière dans la haute finance pour l’entreprenariat, l’intéressée répond par une autre interrogation. « Au contraire, je me demande comment est-ce que j’ai pu rester dans cette carrière aussi longtemps. Je me pose la question. Aujourd’hui pour rien au monde, je ne pense à y retourner. Financièrement ce n’est pas du tout ce que je gagne aujourd’hui. Mais mieux, pour moi il y a rien de plus valorisant, de plus reconnaissant que ce que je fais aujourd’hui ; de voir des personnes aimer nos produits, de voir que nos produits plaisent, et que finalement on peut faire des choses dans notre pays. J’arrive à développer quelque chose dans le pays avec des matières premières locales. ».
S’il y a quelque chose qu’elle pourrait regrettrer c’est peu etre ce coté un peu blim blim qu’elle avait – parce que la vie d’entrepreneur elle est ce qu’elle est ; on est en train de courir tout le temps. Elle pense plutôt à mieux organiser sa vie familiale et professionnelle parce que « l’entreprise me bouffe beaucoup de ma vie » avoue-t-elle. Pour elle le vrai challenge à relever aujourd’hui, c’est de mieux s’organiser pour pouvoir profiter de sa vie familiale ici au Sénégal puisque cela faisait partie des raisons de son retour au bercail pour aussi pour pouvoir profiter de sa famille, des amis, du climat etc. « C’est plutôt ce à quoi je réfléchis. Mais revenir en arrière, pas du tout. Je n’ai aucun regret, mais alors aucun regret ! ».