La BAD a récolté une très belle moisson pour les femmes entrepreneures africaines au Sommet du G7 tenu du 24 au 26 Aout 2019 à Biarritz en France. Son Programme phare dédié aux femmes entrepreneures, l’initiative AFAWA (Action positive pour le financement en faveur des femmes en Afrique), a bénéficié d’un soutien financier des chefs d’Etat et de gouvernements du GZ de 251 millions USD, soit 148 milliards de FCFA.
Par Papa Demba Dia

La dynamique entrepreneuriale des femmes africaines va bénéficier d’un accompagnement de taille. En effet, les chefs d’Etats et de gouvernements du G7 se sont engagés lors d’une conférence de presse à soutenir l’initiative AFAWA (Actions Positives pour le financement en faveur des femmes en Afrique) portée par la BAD, notamment, à travers un financement initial de 251 millions francs CFA sous forme de prêts, en faveur de l’entreprenariat féminin en Afrique. Emmanuel Macron le Président de la République française et ses homologues du G7 qui se réunissaient autour du thème de la réduction des inégalités dans le monde, ont pris l’engagement de soutenir le Programme AFAWA dans un cadre plus global de soutien à la création d’emplois durables et l’appui à l’entreprenariat, en particulier féminin.
Le président de la Banque Africaine de Développement (BAD), le Nigerian Adessina Akinwumi qui a magnifié cet engagement des chefs d’états et de gouvernements du G7, a laissé entendre que « cet effort financier en faveur des femmes est le plus important de l’histoire du continent. Il permettra de lever jusqu’à 5 milliards USD, soit 2372 milliards de FCFA, au profit des entrepreneures africaines et de donner un élan formidable au Programme AFAWA», estime t-il. La banque financera à son tour 1 milliard de dollars. « C’est un grand jour pour les femmes en Afrique » parce qu’« investir dans l’entreprenariat féminin en Afrique est un investissement fort de sens, car les femmes ne sont pas seulement l’avenir de l’Afrique, elles sont le présent de l’Afrique… ».
En Afrique, les femmes sont présentes dans pratiquement tous les secteurs de l’économie. Actives majoritairement dans le secteur informel, leur présence est remarquable dans le commerce et les services, dans l’agriculture, dans la transformation alimentaire de produits locaux et la restauration. Elles sont aussi présentes, dans la couture et la confection, la mode, le stylisme, la coiffure entre autres secteurs. La contribution des femmes aux activités économiques à travers leur travail dans le secteur informel doit être prise en compte. Selon les économistes de la Banque mondiale, le petit commerce exercé par les femmes représente 30 à 50 % du PIB dans certains pays africains en 2015.
Le continent africain peut se targuer aussi d’avoir le plus grand nombre de femmes propriétaires d’entreprises au monde.
Ce dynamisme entrepreneurial traduit une volonté forte d’autonomisation économique et sociale des femmes africaines et leurs aspirations légitimes à diriger des entreprises florissantes. Toutefois, il est freiné dans son élan par une série de contraintes dont des inégalités d’accès aux facteurs de productions dont les femmes sont victimes et par-dessus tout, l’accès aux ressources financières. Les inégalités d’accès aux financements hommes femmes restent criardes. « Aujourd’hui, les femmes détiennent 30 % des PME en Afrique, mais il existe un déficit de financement de 42 milliards USD (24mille 906 milliards de FCFA) :Ndlr) entre les femmes et les hommes entrepreneurs. Ce déficit doit être comblé, et vite »> a rappelé le PDT Adessina lors du point de presse.
Le manque d’assise financière accessible est une contrainte majeure à la réalisation du potentiel l’entreprenariat féminin africain. Par exemple, « en Ouganda, les femmes possèdent 38% de toutes les entreprises enregistrées, mais elles ont accès à seulement 9% aux facilités financières formelles. Au Kenya 48% des micro- et petites entreprises sont contrôlées par les femmes, qui n’ont accès qu’à 7% de l’ensemble des crédits » (BAD 2015). Autant dire que cet effort financier du G7 à l’initiative AFAWA est venu à point nommé. Madame Angelique Kidjio ambassadrice du Programme AFAWA, invitée au point de presse n’a d’ailleurs pas raté l’occasion pour plaider en faveur de l’initiative. « Les femmes africaines sont la colonne vertébrale du continent. Je suis heureuse de porter leur voix ici, au G7. L’initiative AFAWA est déterminante pour le continent.. ».
Pour rappel, le mécanisme de partage des risques de l’AFAWA est présenté comme étant « une solution concrète aux engagements internationaux et une réponse directe à l’appel lancé par les femmes pour débloquer l’accès au financement, en particulier à la résolution sur la nécessité d’établir un mécanisme de financement de l’autonomisation économique des femmes, qui a été adoptée en janvier 2015 lors du sommet des chefs d’Etat de l’union africaine et assignée à la BAD pour sa mise en œuvre ».
Le Programme AFAWA est exécuté suivant une approche d’intervention holistique reposant sur trois piliers. Le premier d’entre eux vise à améliorer l’accès des femmes au financement grâce à des instruments financiers innovants et adaptés, y compris des mécanismes de garantie pour soutenir les femmes entrepreneures.
Le deuxième pilier est axé sur la prestation de services de renforcement de capacités aux femmes entrepreneures, y compris l’accès à des cours de mentorat et de formation entreprenariat. AFAWA aide également les institutions financières à répondre aux besoins spécifiques des entreprises dirigées par des femmes grâce à des produits financiers et non financiers adaptés.
Le troisième pilier porte sur l’amélioration de l’environnement juridique et réglementaire pour éliminer les obstacles spécifiques aux femmes en engageant un dialogue politique avec les gouvernements, les banques centrales et les autorités concernées.