
L’Economie Sociale et Solidaire (ESS) a un écho favorable auprès des autorités publiques centrales et locales du Sénégal qui l’ont inscrit désormais dans l’agenda de leurs politiques avec notamment un ministère qui lui est dédiée.
Par Latyr Dieng
L’ère du tout-réseau nous enveloppe et nous interroge! Après le Salon tournant de l’Économie sociale et solidaire, au début du mois de novembre organisé au Centre international de conférence de Diamniadio, sous l’égide du ministère de la micro finance et de l’économie solidaire du Sénégal, le Fonds de Développement et de Solidarité Municipal (FODEM) de la Ville de Dakar organise le 26 novembre 2019 un atelier pour mettre en place un réseau des acteurs et des collectivités locales territoriales pour l’économie sociale et solidaire du Sénégal (RACTES). En effet, depuis2010, le Sénégal est membre du Réseau Africain de l’Economie Sociale et Solidaire (RAESS) avec 24 organisations de la société civile de pays du continent. Le RAESS est une organisation associative à but non lucratif dont le siège est à Bamako au Mali. Il est né en 2010 sous l’initiative de 25 organisations de la société civile de pays du continent. Mais jusqu’ici, ses acteurs ne s’étaient pas constituer en réseau national après avoiradhéré aux principes et valeurs du Forum Mondial pour l’Economie Solidaire et Solidaire. Néanmoins un grand travail a été effectué pour élaborer une Charte qui sera partagée avec les participants lors de l’atelier.
La mise en place du Réseau des Acteurs et des Collectivités Territoriales pour l’Economie Sociale et Solidaire au Sénégal est une réponse pour promouvoir l’ESS dans les politiques économiques et publiques locales pour un système socio-économique plus résilient, durable et inclusif. C’est pourquoi, la ville de Dakar veut organiser les acteurs en un réseau capable de valider la déclaration commune des Associations des Collectivités Territoriales et des Acteurs non Etatiques, mais également, partager les expériences du Réseau français des Collectivités Territoriales pour une économie solidaire (RTES), du Global Social Economy Forum et du Réseau Africain International pour la Promotion de l’ESS.
L’ESS, pour réconcilier l’économique et le tissu social
L’ESS est généralement définie comme l’ensemble des activités économiques à finalité sociale. Elle est une niche d’emploi et de cohésion sociale qui émerge à contre-courant de l’économie de type capitalistique. C’est une économie du peuple qui se réalise à l’échelle locale par l’entremise de toutes les couches sociales. Elle est donc ancrée dans les territoires et comble de déficit d’accessibilité géographique. Elle se distingue d’une focalisation de la rente économique ; peu importe les moyens et l’éthique relationnelle. L’économiesociale et solidaire c’est tout un ensemble de réseaux, de structures, et de collectifs de toutes natures, dans un esprit de partage et de bien être humain : les associations, les mutuelles, les coopératives, les fondations et les sociétés à objectif d’utilité sociale. L initiative de la ville de Dakar est pour permettre à ce secteur de jouer pleinement son rôle dans le cadre des politiques publiques locales. En effet, il s’agit de la consacrer comme l’économie du devenir humain et de l’ériger au rang de priorité nationale par la qualité de croissance induite et des nombreux emplois qu’elle recèle.
L’ESS est un modèle qui repose sur, entre autre, l’associativité, la coopérativité, l’humanité et la mutualité, supports qui caractérisent amplement nos sociétés traditionnelles. En effet, Les acteurs sont appelés à travailler ensemble pour d’une part mener à bien leurs missions, et d’autre part, inculturer le caractère « européen » de la représentativité qu’ils affirment et ses tares telles que : l’exclusion de nombreuses couches sensibles, les écarts notoires des salaires et revenus des citoyens, l’accaparement des dividendes par une minorité, entre autres.
Typologie des ESS au Sénégal
A la lumière des données fournies par le Recensement Général des Entreprises, le nombre d’entreprises sociales s’élèverait, à bien des égards, à 45 000 unités et ces dernières réalisent globalement un chiffre d’affaires de 382,5 milliards de francs, Cfa soit environ 4,5% du PIB sénégalais. Si on prenait en considération les formes traditionnelles d’entreprises sociales, on peut dire qu’elles sont un bassin massif d’emplois. Les jeunes et les femmes sont les couches sociales qui se livrent le plus aux activités afférentes à l’entreprenariat social, à savoir : mutuelle d’Epargne et de Crédit ; les entreprises de l’économie circulaire, de services de proximité, de décoration, d’art et d’artisanat, de tourisme social, solidaire et écologique, de technologies numériques, de consommation responsable, du commerce équitable et de la promotion de l’accès aux biens communs ; de celles qui transforment des produits locaux ; les regroupements associatifs et coopératifs et tant d’autres…
L’Economie Sociale et Solidaire propose des modèles d’entreprises se caractérisant par leur convivialité avec la nature, le management de type démocratique, la solidarité comme règle de vie en commun, la répartition des dividendes à la hauteur de l’apport en valeur travail et plaçant ainsi l’Homme au centre du processus de création et de jouissance des richesses. Cependant, si les entreprises de l’économie sociale et solidaire regroupent une large gamme d’activités économiques à finalité sociale, environ 13% des PME sénégalaises correspondraient au profil d’une entreprise sociale. A cet égard, le sous-secteur de l’entreprenariat social mobiliserait une part non négligeable des unités de productions que compte le pays avec plus de 1/10 des entreprises au Sénégal et des PME en particulier.
Quoique le concept a davantage émergé sous la houlette des mouvements sociaux mutualistes dans les pays occidentaux, l’heure est venue pour que les démarches, principes et finalités de l’Economie Sociale et Solidaire trouvent de profondes racines dans certaines entreprises et acteurs de la société sénégalaise. A cet effet, le FODEM réunit autour d’un atelier tous les acteurs, pour une réflexion sur thème « Quel rôle des réseaux pour le développement de l’économie sociale et solidaire dans la coopération décentralisée ? ». Puis, il sera procédé à l’Installation du Réseau des Acteurs sous la présidence de Mme Soham El Wardini, Maire de Dakar. Et enfin, une présentation de la déclaration ou de la charte du RACTES en vue de son adoption va clôturer cet atelier.