[Covid-19 et PME : Programme Spécial]

COVID -19 : « Des entrepreneurs à l’essai » de la Couveuse d’Entreprise de la Ville de Dakar se reconvertissent dans la confection de Masques

Pour ne pas voir leurs entreprises emportées par les effets dévastateurs de la pandémie du Covid-19 sur le business, les chefs d’entreprise TPE ET MPME du monde sont aujourd’hui contraints de réfléchir vite à des plans de sauvetage et d’agir pendant qu’il est temps.  Trois entrepreneurs à l’essai de la couveuse d’entreprise de la Ville de Dakar (CEPEM) ont réussi cet exercice  en se reconvertissant dans la  production en quantité de masques de protection contre le virus,  (Par Bacary  Seydi)

C’est au pied du mur qu’on reconnait le maçon. Cet adage,  Alimatou Sall, Siley Ba et Cheikh Ahmed Tidiane Dème,  trois jeunes entrepreneurs  ont décidé de ne pas l’apprendre à leurs dépens. Seul dénominateur commun : Ils sont tous les trois sortis  des deux premières promotions de la Couveuse d’Entreprise pour la Promotion de l’Emploi par la Micro-entreprise (CEPEM) de  la Ville de Dakar. Un autre point commun, les deux premiers Alimatou et Siley  avaient une entreprise de couture et de confection avant de se lancer dans la fabrication de masques. Avant l’arrivée du Covid -19, Alimatou Sall  ne rêvait que d’imposer la mode africaine dans le monde à travers son label « T’ART »,  avec comme matériau de base, le Waax, tandis que Siley Ba Styliste et modéliste de son état, développait son label « Poulo Textile ».

En se lançant dans la production de masques, ils ont tous les trois  réussi-à  apporter une réponse  à point nommé, à l’équation redoutable posée à tout chef d’entreprise : comment faire face à la rareté, voire l’absence d’opportunités commerciales  pour survivre à la crise économique née de la crise sanitaire? Cette équation à mille inconnues, ces trois entrepreneurs qui aujourd’hui font la fierté de la CEPEM,  l’ont résolue assez rapidement à travers une reconversion professionnelle dans la production en quantité de masques de protection contre le virus  pour appuyer la Ville de Dakar dans sa lutte contre le Covid- !9. C’est tout à leur honneur ! Les jeunes pousses qui ne sont pas totalement sortis de l’aile protectrice de la couveuse d’entreprise de la Ville de Dakar et de sa chaleur bienveillante, savent mieux que quiconque que le risque de se retrouver avec un projet d’entreprise mort-né est élevé dans un environnement  si menaçant et si  hostile aux affaires.  A noter que beaucoup de jeunes sont rentrés à la CEPEM avec juste  un projet ou une  idée de projet qu’ils ont commencé à mettre en œuvre grandeur nature avec l’assistance de leur « conseiller référent », leur Coach qui leur met le pied à l’étrier. On pourrait même dire qu’ils ont fait d’une pierre deux coups.  Non seulement, Ils contribuent à leur façon au combat planétaire  contre le Covid 19 en apportant fort opportunément une réponse locale à une problématique de santé publique mondiale : trouver des masques de qualité et à bon prix pour respecter les gestes barrières et se protéger contre la propagation du virus,  mais mieux que ca, ils ont trouvé une solution inespérée de préservation de leur propre emploi et de ceux de leurs collaborateurs  en attendant des lendemains meilleurs. A ces emplois préservés,  il faudra  ajouter  les nouveaux emplois à créer pour soutenir une production en série. Disons qu’ils ont trouvé le bon filon dans un contexte particulièrement défavorable.

Agilité, imagination, adaptation : l’antidote des TPE et MPME  pour survivre au Covd-19

Parmi les nombreuses difficultés que vivement les chefs d’entreprises TPE et  MPME du fait des mesures de confinement et de restriction des déplacements en cette période de croisade contre la propagation du COVID-19, la rareté, voire,  l’absence d’opportunités commerciales est certainement la plus  déroutante.  Pour tirer leur épingle du jeu, les chefs d’entreprises sont amenés à faire preuve d’agilité, d’imagination, d’innovation et parfois même, à opérer un virage à 100 degrés. Le redéploiement stratégique est pour beaucoup,  la seule bouée de sauvetage dans ce sauve-qui-peut collectif.  Ces nouvelles compétences et dispositions sont désormais  requises  autant dans la gestion de la relation client – pour ce qu’il en reste encore dans le portefeuille de l’entreprise-, que dans les offres de produits et services. Plus important encore, reste cette capacité à flairer et identifier de nouvelles opportunités d’affaire dans un contexte de morosité et d’absence de lisibilité sur un avenir plus ou moins proche. Ces compétences distinctives que les trois jeunes entrepreneurs ont développées au sein  de la Couveuse d’entreprise de la Ville de Dakar, sont devenues aujourd’hui  des compétences universelles  avec l’entrée de pleins pieds des économies des pays sous développés dans le processus de la mondialisation des flux financiers et des échanges commerciaux.  En cette période de récession économique où  les dépenses  des ménages, des entreprises, et des administrations sont soit reportées jusqu’à nouvel ordre,  soit réorientées dans la satisfaction de besoins vitaux  de santé, d’hygiène, de nourriture, de loyer et de connectivité, être capable de rebondir à temps après avoir encaissé un choc déstabilisateur, relève d’une impérieuse nécessitée   pour les petites entreprises qui mènent une bataille de survie.

Leur maintien en vie ou leur mort certaine dépendra de leur capacité à se réinventer pour s’adapter à un contexte mouvant de période de  crise ; quitte à remettre à plat leur business modèle. Il dépendra aussi de leur capacité à déceler dans la grisaille ambiante des  brins d’éclairci. Autrement dit, des opportunités.

C’est ce  que les entrepreneurs à l’essai de la CEPEM ont compris ; qui n’ont pas cherché de midi à quatorze heures pour se redéployer dans  la confection et la commercialisation de masques ; l’une des rares activités qui marchent  pendant cette crise sanitaire et économique à nulle autre pareille. La CEPEM leur a inoculé des qualités précises de ténacité sans faille, de persévérance, d’abnégation, d’envie, qui leur permettent de s’adapter à tous les contextes.

De grosses commandes en vue

D’ors et déjà, la CEPEM a elle-même acheté 700  masques en deux temps qu’elle a distribués au personnel de la Ville de Dakar,  informe Madame Aminata Diop Samb la Directrice du Fonds de Développement Municipal (FODEM) qui abrite la couveuse d’entreprise de la Ville. Non  sans s’empresser de préciser que ce sont des masques de qualité qui ont été testés avant livraison de cette commande et qui répondent aux normes. D’autant que c’est la responsabilité de la CEPEM qui est engagée en cette période de prolifération de masques en tout genre. Et d’ajouter que le FODEM a été instruit  par Madame le  Maire de la Ville de Dakar, Soham El Wardini, de proposer aux femmes déjà actives dans la confection et la couture, des formations dans la production de masques qui répondent aux critères exigés.

La Ville de Dakar qui se veut la première « Marketeuse » et ambassadrice des produits de ses futurs champions  à l’essai,  a promis  de passer commande à son tour  pour donner des masques de qualité aux populations démunies qui n’ont pas les moyens de s’acheter à 1700 FCFA  ou 2000 FCFA les masques vendus par les pharmacies.  Madame le Maire Soham El Wardini qui inscrit la démarche de la Mairie dans l’accompagnement des populations à faire face à la propagation de la pandémie du  Covid 19,  a indiqué à  travers les ondes de la radio municipale qu’en plus de la distribution de denrées et de produits sanitaires, la Ville de Dakar a déjà acheté et distribué aux populations des masques, mais, c’est loin d’être suffisant. Madame Wardini a magnifié cette belle initiative des jeunes entrepreneurs encadrés par la CEPEM, et a promis de leur apporter tout son soutien et son accompagnement pour les promouvoir après la formation que la Ville de Dakar leur a apportée à travers la Couveuse d’entreprise. Elle  a assuré que la Ville de Dakar compte doter  les élèves en masques de protection pour leur retour dans les écoles  de la même manière  qu’elle le fait avec les enfants talibés. Autant dire que de grosses commandes attendent les trois entrepreneurs Alimatou Sall, Siley Ba et Cheikh Ahmed Tidiane Dème qui se sont reconvertis dans cette activité lucrative et salutaire, générée par la crise sanitaire. Ils recevront ainsi la juste récompense de leur audace, de leur esprit d’entreprise et de leur sens des affaires acquis à la CEPEM de Dakar.

Pour rappel, la CEPEM est une plateforme d’initiative locale crée par  la Ville de Dakar qui vise la création d’emplois par la formation et l’accompagnement de jeunes et de femmes porteurs de projet de création d’entreprise. Elle  adresse les difficultés de  remboursement des prêts que rencontrent souvent les porteurs de projets en l’absence de formation de base en entreprenariat. « L’entrepreneur à l’essai » de la CEPEM bénéficie d’un espace de coworking, d’un suivi individuel  personnalisé, et suit un programme de formation complet pour apprendre le métier de chef d’entreprise. Il bénéficie également d’un accompagnement à la création d’entreprise et d’un suivi post création. C’est une initiative soutenue par  la Ville de Marseille, l’AIMF – Association Internationale des Maires Francophones, la Ville de Montréal, et l’École des entrepreneurs du Québec EEQ.

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