Les Fintechs du continent ont besoin d’un soutien approprié pour pouvoir jouer le rôle d’accélérateur de l’inclusion financière des populations non bancarisées ou exclues des services financiers formels. C’est la conclusion principale d’une étude menée par le cabinet de conseil MicroSave Consulting (MSC) en collaboration avec la Fondation Mastercard sur le rôle que peuvent jouer les start-ups FinTechs pour accélérer l’inclusion financière dans six pays (Bénin, Côte d’Ivoire, Mali, RD Congo, Sénégal, Togo).
Par Bacary SEYDI
Rendue publique au mois de juillet dernier, cette étude met en lumière l’écosystème des FinTechs au sein des différents pays couverts, analyse les contraintes de développement des Fintechs dans ces pays, et décline sous forme de recommandations, des propositions de mesures permettant de lever les contraintes identifiées comme étant un frein à leur passage à l’échelle et qui les empêche de jouer pleinement le rôle attendu d’elles sur le continent.
Avec les faibles taux de bancarisation (15 % en Côte d’ivoire et 34 % au Togo) et l’adhésion des populations aux comptes mobiles, les FinTechs sont un atout pour les gouvernements afin d’améliorer les capacités financières et les compétences digitales en vue d’exploiter l’économie numérique. Les FinTechs peuvent contribuer à une meilleure conception des comptes bancaires et des produits de paiement, les rendre accessibles, avec une meilleure expérience utilisateur et une sensibilisation améliorée.
Les évidences continuent de s’accumuler dans le monde pour établir que les FinTechs sont une réponse idéale pour l’inclusion financière des populations hors du système bancaire formel. Et depuis quelques années, leur nombre va crescendo en Afrique : la Côte d’Ivoire avec 37 FinTechs, et le Sénégal avec 24, restent en tête de la région couverte par l’étude en termes de croissance et d’investissement dans le secteur.
L’étude a montré toutefois que l’essentiel de ces FinTechs se concentre principalement sur la facilitation de la distribution des offres de services financiers. En Côte d’Ivoire 28 FinTechs sur 37 sont spécialisées dans le paiement numérique alors qu’elles sont 17 sur 24 au Sénégal.
A titre de comparaison, aux Etats-Unis, les fintechs bousculent les banques sur tous les fronts : du transfert d’argent aux crédits en passant par le financement des entreprises, les placements financiers et le courtage, quasiment tous les métiers de la banque moderne sont affectés par ces start-ups baptisées « fintechs » (contraction de finance et technologies).
L’Etude a aussi montré que l’écosystème FinTech est embryonnaire en Afrique francophone qui accuse du retard par rapport à l’Afrique anglophone ; beaucoup de Fintechs se situant en phase de démarrage. Elles sont très peu nombreuses à atteindre la maturité en raison du manque de compétences managériales de leurs fondateurs et de leur incapacité à trouver un soutien approprié.
La nature informelle de ces entreprises sur plusieurs marchés explique pourquoi les opérateurs historiques sont peu enclins à nouer des partenariats avec elles, faute de garantie.
En plus de ces contraintes de développement intrinsèques aux fintechs en Afrique, l’Etude pointe d’autres lacunes qui ne facilitent pas un développement rapide de ces entreprises financières de type nouveau. En effet l’Etude souligne que « le marché est mûr pour l’innovation, mais il faudra un effort collectif pour remédier aux lacunes actuelles, qui comprennent les contraintes réglementaires, la faiblesse des systèmes juridiques, le manque de connaissances financières et numériques et l’absence d’antécédents de crédit, pour exploiter le marché potentiel ».
Au vue de toutes ces contraintes à lever pour permettre aux fintechs de constituer une solution alternative crédible d’inclusion financière en Afrique, l’étude est arrivée à la conclusion générale que les ’ Fintechs en Afrique ont besoin d’être soutenues.
Pour ce faire, l’étude propose une batterie de recommandations qui s’articulent essentiellement autour d’incitations fiscales, d’un accès équitable pour l’USSD (Service supplémentaire pour données non structurées), le renforcement de la collaboration et des partenariats entre acteurs existants et FinTechs, et de la nécessité de trouver des solutions alternatives à leur financement.