La BADEA accepte d’accorder des prêts directs aux PME du Sénégal, du Togo et du Benin

Le Directeur général de la BADEA  (Banque Arabe pour le Développement Economique en  Afrique), S.E. Dr Sidi Ould TAH a accepté de faire un financement direct des PME sans passer par les banques commerciales dans trois pays pilotes : le Sénégal, le Togo, et le Benin. Cette acceptation était intervenue  lors du financial Award 2020 organisé à Dakar au mois de Décembre par le Magazine Financial Afrik.

Par Bacary SEYDI

La bonne nouvelle a été annoncée par  celle là même qui a porté le plaidoyer pour faire marcher le Directeur de la  BADEA,  Madame le Ministre  Reckya MADOUGOU,  primée  lors de ce Financial Awards.  Elle en a fait l’annonce dans les locaux de la CEPEM  (Couveuse d’entreprise pour la promotion de l’emploi des jeunes par la Micro-entreprise de la Ville de Dakar)  lors de sa visite à LA CEPEM devant les jeunes entrepreneurs qui l’avaient interpelée sur les difficultés de  financement bancaire que rencontrent les PME et certains secteurs d’activité comme l’Agriculture.

 Pour arriver à cet accord avec le DG de la BADEA, ex Ministre mauritanien des affaires économiques et de développement, il aura fallu des discussions très intenses entre acteurs du monde de la finance  et participants de marques, et un lobbying tres fort  porté par l’auteure de ‘’Soigner les certitudes’’   Mme Reckya MADOUGOU, ancienne garde des sceaux du Benin, ancienne ministre de la Microfinance du Benin, consultante internationale  et conseillère de plusieurs gouvernements africains sur les questions d’inclusion financière et économique des populations notamment les femmes et les jeunes.

 « Un consensus a été trouvé pour dire que ce qui compte le plus, ce n’est pas les politiques mais les résultats : s’assurer que les PME accèdent aux financements bancaires », rapporte Reckya Madougou. Comment débloquer l’argent qui reste ‘’coincé’’ entre les mains des banques commerciales et qui n’arrivent pas à descendre jusqu’aux PME était devenue une question pour le moins embarrassante dans certains cercles – c’est le moins qu’on puisse dire –  et à laquelle il fallait apporter des réponses.

La décision du patron de la BADEA  apparait donc comme une décision courageuse à saluer qui apporte un début de réponse à cette question de fond.

 Un pas de géant a été  franchi par la BADEA en tant que banque régionale de Développement sur un terrain glissant,  jadis laissé aux banques commerciales et aux établissements de crédit locaux ; les prêts directs aux PME.

 C’est également un signal fort adressé aux autres banques de développement comme la BOAD de s’assurer que leurs lignes de financement et/ou de garantie dédiés au secteur privé qui empruntaient traditionnellement le circuit des banques commerciales pour cibler les entreprises du secteur privé arrivent effectivement aux cibles et particulièrement aux PME-PMI et TPE.  S’assurer que les bons canaux de financement sont utilisés pour toucher cette cible qui représente l’essentiel du tissu économique de nos états et le moteur principal d’une croissance inclusive, créatrice de richesse partagée et d’emplois durables  est devenu une priorité au regard du faible niveau de financement bancaire des PME africaines.

Ce sera une aubaine pour les PME des trois pays pilotes  de voir la BADEA leur accorder des financements directs sans passer par les banques commerciales en ce sens que ca ne peut être que des financements plus conséquents pour elles, moins coûteux et certainement à maturités suffisamment longues, ou en tout cas, plus longues que ce que peuvent proposer les banques commerciales, pour permettre le financement de ce besoin spécifique des PME ; le financement de l’investissement.

Va-ton vers le financement direct des PME par la BCEAO Nationale ?

Devant la frilosité des banques commerciales ou le manque de compétences de certaines d’entre elles à financer les PME et les secteurs comme l’agriculture et l’économie verte, la Banque centrale va-t-elle emboiter le pas à la Banque Arabe pour le  Développement de l’Afrique BADEA, dans la prise en charge des besoins insatisfaits de financement bancaire des PME ?

Rien n’est moins sûr. En tout cas, la question est loin d’être saugrenue puisque l’institution n’excluait pas l’éventualité de faire des financements directs de PME Championnes quand elle mettait en place le Dispositif de financement des PME et PMI de l’UEMOA. 

Mme Reckya MADOUGOU  qui avait porté sa casquette d’experte en financement inclusif de nos économies  en développement,  a proposé  à ce que la BCEAO Nationale fasse des financements directs des PME dans le cadre de son  le Dispositif de financement des entreprises face à la Covid-19 parce que l’argent ne descendait pas quand on le faisait passer par les banques locales. « Au bout du compte, les ressources restent stockées dans les banques et ne descendent pas». Il faut selon Mme MADOUGOU arriver  à débloquer toutes les chaines.

Financement des PME informelles: un réel décalage entre les instruments  utilisés et les cibles

Reckya MADOUGOU s’est aussi offusquée  lors de sa visite à la CEPEM très souvent des solutions inappropriées sont proposées pour ce qui concerne le financement de certains acteurs de l’économie  alors qu’on sait d’avance qu’elles ne produiront aucun résultat concret.  Pour préciser sa pensée, elle a pris l’exemple du secteur informel.

D’après elle, au TOGO et au Bénin,  les IMF n’ont pas obtenus les ressources de la BCEAO alors qu’elles injectent plus de 50 MDS  FCFA dans l’économie informelle par mois.

L’économie informelle représente 50% dans la formation du PIB en Afrique,  et occupe 80 % de la population active. Dans ces conditions, les banques ne sont pas forcement les meilleurs partenaires  pour financer les entreprises du secteur informel parce qu’elles risquent  d’utiliser les mêmes outils d’analyse des risques applicables aux entreprises formelles. « En Afrique, c’est malheureusement souvent le cas, on pense aux mécanismes sans penser à la typologie des entreprises pour lesquelles ces mécanismes sont conçus » constate Mme MADOUGOU pour s’en désoler.




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