ONU Femmes Dakar et l’Agence de Régulation des Marchés Publics (l’ARMP) ont procédé le 18 mars a Dakar, au lancement d’un programme de formation des femmes entrepreneurs sur la passation des marchés publics dans le cadre du projet We-Fi, l’initiative pour le financement de l’entreprenariat féminin coordonnée par la Banque mondiale. Ce programme de formation sera mis en place en partenariat avec l’ARMP, et devrait permettre d’améliorer l’accès des femmes entrepreneurs aux marchés publics.
Les femmes représentent 31 % des propriétaires d’entreprises au Sénégal, mais leur connaissance des marchés publics reste faible. Pourtant, les marchés publics représentent une portion importante du PIB Sénégalais (17 % en 2017). En vue de combler ce fossé, le programme de formation entend renforcer les capacités de 500 femmes entrepreneures afin de leur permettre de comprendre les procédures des marchés publics, d’améliorer leur capacité à gagner ces marchés, mais aussi d’étendre leurs activités vers de nouveaux marchés à long terme. Les sessions de formation ciblent également 70 autorités contractantes qui seront formées sur la passation des marchés sensible au genre.
La cérémonie officielle de lancement du programme, s’est tenue le 18 mars 2021 au sein des locaux de l’ARMP. La rencontre a été l’occasion de revisiter l’ensemble des contraintes qui empêchent les entreprises gérées par les femmes d’accéder aux marchés publics et de décliner des pistes de solutions à travers ce programme de formation dédiée. L’occasion a été saisie pour formaliser le partenariat entre l’ARMP et ONU Femmes, et pour sensibiliser sur l’intérêt de la passation des marchés sensible au genre.
Il est apparu qu’aucune entreprise ne peut tourner le dos à la commande publique si elle veut se développer. C’est pour les entreprises un enjeu de compétitivité et de développement. Seulement voilà, au Sénégal où la commande publique est passée de un peu plus de 500 milliards FCFA en 2008 à 2500 milliards de FCFA en 2018, les femmes m’accèdent qu’à 1% seulement de la cette commande, alors qu’elles représentent 51% de la population.
Les causes de faible niveau d’accès à la commande publique chez les femmes ont été analysées. Il s’agit d’abord des raisons liées à des faiblesses d’ordre réglementaire notamment des lacunes dans la réglementation qui expliquent que malgré la volonté de l’Etat d’octroyer un quota des marchés publics aux femmes ; les procédures devant permettre de faire accéder les femmes à ces quotas qui leur sont réservés ne sont pas clairement définies.
L’absence d’information et de connaissance des femmes sur les marchés publics est décriée. De même, les difficultés techniques de préparation d’un dossier de soumission aux appels d’offre publics liées à une absence de capacités et de compétences des femmes à soumissionner aux marchés publics ont ainsi été pointées.
Parmi les solutions envisagées, la rencontre a proposé de mettre l’accès sur la formation, l’information. L’ARMP a proposé de mettre en place un bureau avec des experts capables d’accompagner les femmes dans la préparation des soumissions aux appels d’offres.
’’Le Code des marchés publics est structuré autour de ces valeurs : le principe d’égal accès, d’égal traitement des candidats. Néanmoins, tous les acteurs sont conscients de la nécessité de promouvoir des politiques discriminatoires en faveur de certaines catégories économiques dont les femmes’’, a soutenu le Directeur général de l’ARMP, Saër Niang.
’’La commande publique est devenue une affaire de professionnels. Le niveau des sommes engagées dans les marchés publics requiert la disponibilité de véritables spécialistes pour être compétitifs et prétendre remporter des marchés conséquents’’, a-t-il rappelé.
Selon lui, le programme de formation proposé aux femmes entrepreneures va permettre d’affirmer que ’’quiconque le suit correctement, sera en mesure de préparer et de soumettre dans les délais, un dossier complet, conforme aux exigences et spécifications techniques posées dans les dossiers d’appel d’offres’’.
Pour rappel, ONU Femmes est l’entité des Nations Unies consacrée à l’égalité des sexes et à l’autonomisation des femmes. ONU Femmes a été créée pour accélérer les progrès dans la réponse apportée à leurs besoins partout dans le monde. Porte-drapeau mondial des femmes et des filles, ONU Femmes intervient à l’échelle mondiale pour faire de l’ambition des Objectifs de développement durable une réalité pour les femmes et les filles. Elle soutient la participation équitable des femmes à tous les aspects de la vie, en mettant l’accent sur cinq domaines prioritaires : renforcer le leadership des femmes et leur participation; mettre fin à la violence à l’égard des femmes; intégrer les femmes dans tous les aspects des processus de paix et de sécurité; renforcer l’autonomisation économique des femmes; et placer l’égalité des sexes au cœur des processus de planification et de budgétisation au niveau national.
Quant au projet WE-FI, c’est le fruit d’un partenariat Initié en 2017 entre 14 pays sous la coordination de la Banque mondiale. Il vise à lever les barrières financières et non financières des Petites et moyennes entreprises (PME) dirigées / détenues par des femmes dans les pays en développement. Au Sénégal, We-Fi a pour objectifs de : faciliter l’accès des femmes à la commande publique à travers un appui règlementaire à l’ARMP, renforcer les capacités des autorités contractantes sur l’intégration de la dimension genre dans la passation des marchés, sensibiliser et renforcer les capacités des femmes entrepreneures en termes de procédures des marchés publics, renforcer les capacités techniques des femmes entrepreneures pour faciliter leurs accès à la commande publique et enfin, faciliter le réseautage et la sensibilisation autour des options de financement disponibles.