Orange, l’opérateur Telecom souhaite offrir, en plus du mobile, un panel de services bancaires 100% digitale aux populations les plus modestes et les plus enclavés d’Afrique de l’Ouest.
Après la France, l’Espagne et la Côte d’Ivoire en juillet 2020, le groupe prépare l’expansion de sa banque digitale au Sénégal au 3ème trimestre 2021, puis au Burkina et au Mali au cours du dernier trimestre de l’année en cours. Autrement dit, douze ans après avoir lancé Orange Money, un service de transfert et de paiement mobile. En effet, Orange Bank Africa (OBA) a vu le jour et s’étend en Afrique de l’ouest. OBA cesse d’affuter ses armes pour la pénétration du marché ouest africain depuis 2017 à nos jours. L’idée de la banque digitale est née d’un constat. Aujourd’hui, Orange Bank est devenue une réalité avec une ambition bancaire réelle et un plan stratégique pertinent. La réglementation et le climat des affaires ont évolué en Afrique de l’ouest et orange avance ses pions. Si OBA compte s’appuyer sur les filiales de l’opérateur Orange dans chacun des cinq pays cités, il lui fallait un partenaire technique qui va lui permettre de toucher une masse de client tout de suite plutôt que de commencer une banque digitale avec zéro client ou prospect.
Au départ du projet, il était question qu’Orange Bank s’appuie sur « Diamond Bank » qui a été entre temps absorbé par « NSIA Banque ». Le développement des banque digitale en Afrique peut être considéré à la fois comme une innovation et une offensive contre les structures de transferts d’argent qui utilisent la plateforme des opérateurs de téléphonie mobile et les institutions de microcrédit qui seront contraintes à partager avec OBA leur marché car ce modèle de banque cible, grâce à l’utilisation de plateformes numériques, les populations exclues du système bancaire classique ainsi que les operateurs économiques du secteur informel notamment les Micros et très Petites entreprises. En Afrique, la majorité des populations tirent leurs revenus du secteur informel et 80% de ces mêmes populations ne sont pas bancarisées Cette réalité est d’ailleurs à l’origine de la création d’orange money en 2008. Orange Bank a pour ambition de démocratiser l’accès à la banque en l’amenant jusqu’aux portes des populations les plus modestes et dans les hameaux les plus reculés. Dans un contexte de COVD 19, Orange envisage d’offrir des services bancaires à part entière et 100 % digitaux à tous les clients grand public issus du mobile money qui remplissent les conditions d’éligibilité adéquates.
Toutefois, le modèle économique de cette banque digitale est inversé puisqu’elle n’est ni une néo-banque à la recherche de nouveaux clients, ni une banque traditionnelle avec un réseau d’agences. Par conséquent, NSIA permet à OBA de faire du crédit et de toucher directement une masse de client plutôt que de commencer une banque digitale avec zéro client ou prospect. En contrepartie, OBA permet à NSIA, qui souhaite tirer profit de la digitalisation des services financiers pour davantage couvrir la clientèle des particuliers, de disposer d’un potentiel 6 millions de prospects. C’est pourquoi, la nouvelle banque digitale est une joint-venture qui dépasse les applications bancaires actuellement disponibles sur les Smartphones. Elle existe grâce à un partenariat actionnarial et technique entre OBA et le banquier-assureur ivoirien NSIA, l’un des leaders du marché en Afrique de l’Ouest. En d’autres termes, cette nouvelle banque est le fruit d’une joint-venture (coentreprise) entre une banque classique et un opérateur téléphonique qui cherchent un relais pour leurs croissances respectives. À cet effet, ils ont investi 14,5 milliards FCFA pour former le capital de cette banque : respectivement 3,6 milliards FCFA pour NSIA Banque et 11,1 milliards FCFA pour orange. Dés lors, le groupe NSIA détient 25% d’Orange Bank Africa et les 75% sont détenus par le groupe Orange.
OBA va utiliser Orange Money sa monnaie électronique comme ses canaux de distribution car, Orange Money, c’est quelques 110 millions de clients, sur les 240 millions du groupe ; près de 20 millions de clients actifs, et un potentiel de croissance immense avec un taux de croissance annuelle de 16 %.
Pour y arriver , OBA s’est positionnée pour octroyer des microcrédits ou nano crédits, plus bas que ceux des institutions de la microfinance et des banques classiques, grâce à un système de « scoring » ou procédé permettant d’évaluer le profil de chaque client, grâce au BIC de la BCEAO (Bureau d’information sur le crédit, ndlr) et notamment à l’historique de ses transactions sur Orange money et en ciblant des populations qui sont intéressées par des crédits « Tik Tak » de 50 000 FCFA dont le délais de remboursement ne dépasse pas un mois . Mais tout en mettant en avant les micros prêts, OBA doit relever le délais du recouvrement – un aspect tout aussi important que la problématique de l’identification des abonnés du marché de la téléphonie mobile qui n’est pas entièrement résolue. A l’inverse, le client pourra constituer une épargne à partir de 1 000 FCFA, une épargne qui sera rémunérée au taux de 3,5% HT l’an.
Vers la clientèle professionnelle des PME
Cependant, si la banque digitale a pour ambition de démocratiser l’accès a un panel de services d’une offre déjà 100 % digitale et mobile, ce sera un nouveau métier qui se construit à partir du succès retentissant d’Orange Money dans la région. OBA s’appuie sur les filiales de l’opérateur Orange dans chacun des 5 pays cités où il lui fallait un partenaire technique qui va lui permettre de toucher une masse de clients tout de suite plutôt que de commencer une banque digitale avec zéro client ou prospect. Ainsi, OBA devra bénéficier de l’expertise bancaire de NSIA sans compter les perspectives intéressantes du développement annoncé de produits de micro assurances aux populations les plus modestes. Quant à NSIA, elle va disposer de 6 millions de prospects. Il n’y a aucune banque qui a un tel potentiel ! Rappelons que Orange n’exclue pas, à terme, de s’implanter dans certains pays non-UEMOA (la Guinée, la Sierra Leone, le Libéria) où elle a des filiales orange money et de s’ouvrir à d’autres catégories de clients, comme la clientèle professionnelle ou des PME formelles. Aussi, Ces dix dernières années, des partenariats novateurs ont fait passer le service Orange Money d’un simple moyen de paiement à une plateforme offrant des services financiers plus sophistiqués, comprenant le prêt, l’épargne, les produits de micro assurance. Cette transformation favorise une inclusion financière plus poussée, en offrant à la population des outils qui lui permettent de mieux gérer ses risques financiers. C’est pour aller encore plus loin qu’Orange a lancé sa propre banque innovante, digitale et inclusive pour renforcer l’inclusion financière et démocratiser l’accès aux services bancaires. Enfin, Orange ne va pas investir dans un déploiement de réseau d’agences pour des raisons évidentes mais, elle va plutôt implanter une banque digitale en investissant sur la technologie, sur la sécurité informatique et nouer des partenariats avec de nombreux prestataires dans la conduite de la marche de la banque.