
C’est au travers d’une convention de partenariat signée le Mardi 28 Décembre 2021 entre la Direction de la Microfinance (DMF) et l’Observatoire de la qualité des services financiers (OQSF) que les deux institutions se sont engagées à travailler désormais la main dans la main pour repousser les frontières de l’inclusion financière des entreprises et usagers des services financiers au Sénégal. La convention de partenariat est assortie d’un Plan d’actions qui sera mis en œuvre et évalué conjointement par les deux parties sur une première phase d’un an.
La Convention de partenariat a été signée au Siège de l’OQSF en présence de M.Cheikh Samb, Directeur de Cabinet du Ministre de la Microfinance et de l’Economie sociale et solidaire, du Secrétaire Exécutif de l’Association Professionnelle des Systèmes Financiers Décentralisés (APSFD), M. Sidy Lamine Ndiaye, et devant les experts et l’équipe de médiateurs de l’OQSF, les représentants de la PLASEPRI (Plateforme d’Appui au Secteur Privé et à la diaspora sénégalaise d’Italie) placée sous la tutelle de la DMF, un programme de la coopération italienne avec le Sénégal.
Ce partenariat inédit entre deux entités publiques leur permettra sur une première phase d’un an, de dérouler un plan d’actions (PA) centré autour des activités de sensibilisation, d’éducation financière des bénéficiaires de services financiers et des activités de renforcement de capacités des parties prenantes suivant une approche inclusive et écosystemique. C’est un exemple de collaboration entre structures publiques qui traduit une vision partagée d’une administration au service de l’usager comme l’a relevé le Directeur de Cabinet du Ministre en charge de la Microfinance et de l’Economie Sociale et Solidaire, M. M.Cheikh Samb. C’est aussi une
formidable contribution à la relance économique post-covid 19 et s’inscrit dans la mise en œuvre du Plan Sénégal Emergent et de son Plan d’Action Prioritaire Accéléré et Ajusté (PAP2A). Enfin le partenariat apporte des réponses à la hauteur des enjeux et defis nouveaux liés à la crise socioéconomique née de la crise pandémique mondiale Covid 19. L’inclusion financière fait partie de ces défis à relever pour espérer sortir la population de la pauvreté galopante, accentuée depuis plus de deux ans par la crise sanitaire.
Les deux partenaires ont inscrit dans leur plan d’actions une série d’activités comprenant: des actions de sensibilisation de masse sur l’inclusion financière et l’Economie sociale et solidaire (ESS) ; le renforcement de capacités des bénéficiaires en ESS, en gestion comptable, en gestion financière et fiscalité ; la formation des formateurs pour servir de relais auprès des bénéficiaires ; le renforcement de capacités des institutionnels comme les élus locaux (au regard de leurs nouvelles prérogatives dans la sphère économique, conférées par plusieurs textes juridiques comme la Loi d’orientation et Développement des PME depuis 2020, et la Loi d’orientation relative à l’Economie Sociale et solidaire en 2021…. ); le renforcement de capacités des magistrats sur les pratiques de la Microfinance au vu du nombre de procès perdus par les clients des SFD. Parmi les institutionnels figurent les agents de la Direction de la Microfinance. Le Plan d’action prévoit en outre des actions visant à améliorer la qualité de l’offre de services financiers. Le développement de financements innovants et participatifs est devenu un enjeu de taille dans le contexte actuel.
La Direction de la Microfinance et l’Observatoire de la qualité des services financiers se sont engagés à mener conjointement les activités, chacun dans ses missions, et à assurer ensemble le suivi-évaluation.
Placer le curseur sur l’éducation financière
Malgré les nombreux efforts déployés par les pouvoirs publics et en particulier par les deux institutions partenaires en matière de promotion de l’inclusion financière, Il apparait de plus en plus que pour lever les
nombreuses contraintes qui limitent encore l’accès d’un plus grand nombre de sénégalais aux services financiers basiques notamment le crédit, un accent particulier devrait être mis sur l’éducation financière des bénéficiaires. Les deux parties ont convenu de placer le curseur sur ce volet hyper important de toute politique de promotion de l’inclusion financière en capitalisant sur leurs expériences respectives en la matière.
Rappelons à ce sujet que l’OQSF déroule depuis de nombreuses années un important programme d’éducation financière adressé aux MPME et à différentes cibles. Ce programme a maintenant été élargi à toutes les couches de la population et ce conformément à la volonté du Président de la République du Sénégal M. Macky Sall de rendre accessible les services financiers à toutes les couches de la population notamment les jeunes et les femmes en milieu rural et surtout de faire baisser les taux d’intérêt débiteurs encore exorbitants, dans une perspective de relance économique post Covid 19. Cet élargissement touche autant les services financiers offerts que les différentes catégories d’utilisateurs de ces services.
Améliorer les conditions d’accès au crédit
Abondant la question de l’accès des entreprises et des particuliers au crédit adapté à leurs besoins et à moindre coût, le Secrétaire Exécutif de l’OQSF M. Habib Ndao a fait comprendre qu’il n’est pas encore entièrement satisfait et le Président de la République non plus; et ce, malgré les efforts déployés par l’Etat pour apporter des réponses à cette problématique qui vont de la mise en place d’instruments et de mécanismes d’accompagnement financiers comme la Délégation Rapide à l’Entrepreneuriat des jeunes et des femmes (DER /FJ), le Fonds d’Impulsion de la Microfinance (FIM), et plus récemment un Fonds national dédié à la Microfinance, à la mobilisation de ressources financières. Il a signifié lors de son intervention que « les conditions d’accès au crédit constituent un point qui tient à cœur le Président de la République Macky Sall qui souhaite en particulier la baisse des taux de crédit ».
Le Secrétaire Exécutif de l’OQSF a lancé un vibrant appel aux Partenaires Techniques et Financiers du Continent pour qu’ils reviennent soutenir les démarches d’inclusion financière des populations et de ces millions de Micros de Petites et Moyennes Entreprises du continent à travers des appuis techniques et budgétaires permettant d’avoir des économies plus résilientes en Afrique parce que « si l’Afrique tangue ; le monde tangue aussi », prévient Habib Ndao.
Il aussi exprimé le souhait de voir le modèle de la PLASEPRI élargi à d’autres pays comme l’Espagne où vivent une frange importante de la Diaspora sénégalaise désireuse d’investir au Sénégal et de préparer leur retour au bercail. Au vu des résultats élogieux de ce programme au profit des PME locales et des initiatives entrepreneuriales portées par la Diaspora sénégalaise d’Italie, son modèle doit être reproduit par d’autres Partenaires Techniques et Financiers du Sénégal. C’est ce que le Secrétaire Exécutif de l’OQSF a plaidé.
Appréciant l’importance du partenariat qui vient d’être scellé entre l’Observatoire et la Direction de la Microfinance, le Secrétaire Exécutif de l’OQSF en parfait accord avec l’Axe 2 du Plan Sénégal Emergent ((PSE) qui vise l’accès des populations à la protection sociale et le renforcement du capital humain, estime « qu’une économie mondiale revitalisée a besoin pour se réaliser d’un soutien à l’inclusion sociale de la jeunesse et des femmes en Afrique ». Cette inclusion sociale passera par leur inclusion financière. C’est la conviction du Secrétaire Exécutif de l’OQSF qui montre tout l’enjeu de cette convention de partenariat entre deux structures de l’Etat dont les missions sont complémentaires.
Être plus efficace et plus efficient
Abondant dans le même sens, le Directeur de la Microfinance, Monsieur Moussa Dieng a précisé que c’est sous l’égide Madame Zakhra Yann Thiam, le Ministre de la Microfinance et de l’Economie Sociale et Solidaire (ESS) que les deux institutions ont décidé de travailler ensemble à l’inclusion financière pour accroitre le nombre de bénéficiaires et favoriser une utilisation optimale des services financiers autant en termes
d’accès qu’en termes de qualité des services financiers. Pour le Directeur de la Microfinance M. Moussa Dieng, le temps est venu de capitaliser sur leurs deux expériences en matière d’éducation financière. Convaincu qu’il n’ya pas d’inclusion financière sans éducation financière, M. Dieng est d’avis que seule la mutualisation des moyens et des efforts permettra « d’être plus efficace et plus efficient » dans la politique de promotion de l’inclusion financière. D’où l’importance de ce partenariat à ses yeux pour les deux structures. « C’est un moment important pour les deux structures qui marque la concrétisation et la formalisation des relations entre les deux entités » a soutenu le Directeur de la Microfinance M. Moussa Dieng. Et d’ajouter, « nous allons travailler pour élargir le champ de l’inclusion financière et renforcer l’accès des bénéficiaires ». Il a tenu à rappeler l’expérience capitalisée par la DMF dans le domaine de l’éducation financière des Micros Petites et Moyennes Entreprises (MPME) avec le soutien de la Coopération allemande au Développement, la GTZ.
On se souvient en effet des résultats extrêmement importants obtenus dans le cadre du dialogue des parties prenantes à l’inclusion financière des PME, à travers notamment la mise en œuvre du Programme d’accélération de la Croissance des PME et de la Performance de la Microfinance (PACC PME/PMF -2010-2015) soutenu par la GTZ. Il convient également d’ajouter à cette expérience, les nombreuses certifications CGAP (consultative Group to Assist the Poors), obtenues par la DMF dans le cadre des efforts de promotion de l’inclusion financière. Le CGAP est un centre d’excellence mondial en matière de production de connaissances, de capitalisation d’expériences et de dissémination de bonnes pratiques d’inclusion financière des populations à faibles revenus, promu par la Banque Mondiale.
Pour le Directeur de la Microfinance, l’accès à moindre coûts aux services financiers de qualité des entreprises et populations reste un défi important à relever. Pour y arriver, le Directeur de la Microfinance estime qu’ il faudra « travailler pour la bancarisation de masse en mettant en œuvre un plan d’action qui sera axé sur des activités de sensibilisation et
des activités de renforcement de capacités des clients ; des structures d’appui et cibles définies comme étant des acteurs de l’Ecosystème d’inclusion financière dans son ensemble ; y compris les magistrats et les élus locaux ».
Pour rappel, la DMF est chargée de définir et de mettre en œuvre la politique nationale de développement de la Microfinance au Sénégal dont la vision 2016- 2025 est centrée sur « un secteur de la Microfinance inclusif et performant au service d’une économie émergente, dans une société solidaire ». L’objectif visé dans cette vision est de renforcer l’accès durable de la majorité de la population à des services financiers adaptés sur l’ensemble du territoire national d’ici 2026. Cet objectif est décliné dans le Plan Stratégique de développement du secteur 2016- 2025 en plusieurs objectifs. Dans sa version revue, les objectifs spécifiques visent le renforcement de la structuration de la demande de services financiers, l’amélioration de l’offre et des canaux de distribution des services financiers, l’amélioration de la sécurité et de la stabilité du secteur.
L’Observatoire de la qualité des services financiers de son coté a déjà fait ses preuves en matière de promotion de l’inclusion financière. L’OQSF fait référence en Afrique et l’objet de Benchmarking en matière de régulation des relations entre usagers des services financiers et institutions financières et prestataires de services financiers, en matière d’éducation financière des PME, des commerçants, de la presse économique, des magistrats (renforcement de capacités sur les pratiques bancaires et d’assurance) et du grand public (une quarantaine de réunions publiques d’information organisées par l’OQSF).
L’OQSF est également engagé avec la Banque centrale des Etat de l’Afrique de l’Ouest (Bceao) dans un processus d’élaboration et de mise en œuvre d’une stratégie nationale d’inclusion financière. Un atelier de priorisation des actions d’éducation financière, a été co-organisé dans ce sens au mois de juin dernier par l’OQSF et la Bceao. L’atelier vise principalement à identifier les différentes synergies d’actions entre acteurs et s’accorder sur un chronogramme prioritaire pour l’élaboration du programme national d’éducation financière. Autant dire que ce
partenariat vient à point nommé et promet au Sénégal d’accomplir de grands pas sur le chemin de l’accès universel aux services financiers de base.
Par Bacary SEYDI