Les autorités portuaires sénégalaises ont procédé le mardi 25 Octobre 2022. à la réception des travaux de réhabilitation du Môle HAMACIRÉ NDOURE, ex Mole 3 communément appelé ‘terminal malien’ pour renvoyer à sa vocation de principale plateforme de chargement et de déchargement des marchandises maliennes. Entièrement financé par l’Agence japonaise de coopération (JICA) à hauteur de 23 milliards de FCFA , le projet de réhabilitation de l’ex môle 3 vient apporter une réponse diligente aux problèmes de congestion maritime et terrestre tout en contribuant à relancer l’activité économique avec le mali et les pays de l’hinterland.
La cérémonie d’inauguration tenue au Port autonome de Dakar s’est faite en la présence des autorités portuaires avec à leur tête Monsieur le Ministre de la pêche et de l’économie maritime du Sénégal; M. Pape Sagna Mbaye, M. Mountaga Sy, le nouveau DG du Port Autonome de Dakar, une forte délégation du Japon représenté par M. Yamada Kenji, ministre délégué des affaires étrangères du japon, de son excellence M. Osamu Izawa, l’ambassadeur du Japon au Sénégal, des représentants de la coopération japonaise au développement (JICA), de la délégation malienne avec à sa tête M. le Ministre malien des transports M. Madina Sissoko Dembélé, de son excellence M. Mohmed El Moctar, ambassadeur du Mali au Sénégal, des représentants du secteur privé et acteurs portuaires maliens notamment M. Fousseynou Soumanou, Directeur des entrepôts maliens au Sénégal (Emase), le Président des Chambres consulaires du Mali, et de nombreux acteurs portuaires sénégalais.
Composée d’un linéaire de quai de 350 mètres de long , fondé à -18 mètres qui permettra d’accueillir après dragage à 12 mètres, des navires de 35 000 tonnes, d’un hangar de 2350 m2 et de terre-pleins d’une surface de 03 hectares, la nouvelle infrastructure viendra renforcer les capacités d’accueil actuelles du Port de Dakar et son offre logistique et augmenter le trafic de 800 000 à 1 200 000 tonnes en 2022. Quatre gros navires pourront être accueillis en même temps. Pour rappel, la fréquentation des gros porteurs en provenance du Mali était estimée à plus de 400 camions en opération journalière pour un trafic avoisinant les deux millions sept cent mille (2 700 000) tonnes en 2020.

Dans son mot de bienvenue, le Directeur du PAD M. Mountaga Sy a exprimé en son nom et au nom de ses prédécesseurs sa profonde gratitude à l’endroit du gouvernement japonais qui a financé la réhabilitation du Mole Hamaciré Ndouré
sous forme de don pour un coût global de
23 milliards de FCFA à travers l’Agence Japonaise de coopération internationale (JICA) et à lendroit de tous ceux qui ont participé à sa réalisation. Il a montré toute l’importance de la réception de cette infrastructure à la lumière du contexte actuel de difficultés dans les chaines d’approvisionnement mondiales en produits divers qui représentent des matières premières pour nombre de PME, PMI et d’industries. Il a aussi adressé sa gratitude au Président de la République résolument engagé dans la construction d’un Hub maritime et portuaire après avoir réussi les infrastructures routières, autoroutières, et ferroviaires.
Il s’est engagé à son tour au maintien des efforts en vue de pérenniser les activités du Port et de contribuer à renforcer sa compétitivité au profit de la croissance de l’économie nationale.
Le Ministre en charge de la pêche et de l’économie maritime du Sénégal a aussi abondé dans le même sens en expliquant que la nouvelle infrastructure viendra soutenir les efforts déjà déployés par la Direction du PAD dans sa volonté d’augmenter l’offre d’accueil et de soulager les acteurs portuaires dans le cadre du plan d’urgence qu’il a défini pour résorber la congestion portuaire.
Magnifiant l’excellence de la coopération sénégalo-japonaise qui a permis de remettre à niveau le Mole Hamaciré Ndouré, M. le Ministre a indiqué que l’infrastructure contribuera à une plus grande intégration économique sous régionale en ce sens qu’elle permettra de densifier l’activité économique avec le Mali et les principaux pays de l’Hinterland. Pour le Directeur des entrepôts maliens au Sénégal M. Fouseynou Soumanou, le nouveau quai participera au renforcement de la plateforme logistique portuaire de Dakar pour le Mali et le Sénégal. Il a ajouté que ce don du gouvernement japonais
va contribuer à « l’amélioration des conditions d’exploitation et d’anticipation sur l’augmentation des trafics, en particulier celui du Mali et aura une incidence significative pour les populations des deux pays». Rappelant les relations historiques entre le Sénégal et le Mali, en témoigne le nom du premier Ministre malien des transports donné à ce terminal (Hamaciré Ndour, Ndlr), il a tenu à préciser que les maliens se sentent chez eux au Sénégal. ‘ Nous sommes bien chez nous ici au Sénégal. » a souligné M. Soumanou.
Son excellence
M. Osamu Izawa, l’ambassadeur du Japon au Sénégal a pour sa part souligné que la réhabilitation de l’Ex Mole 3 permettra »d’améliorer l’environnement logistique au Sénégal et contribuera à sécuriser des moyens logistiques stables pour les pays enclavés tels que le Mali et le Burkina Fasso, et de booster le Plan Sénégal Emergent (PSE) qui vise à faire du Sénégal une nation émergente en 2035. »
Il a réitéré l’engagement du Japon à accompagner le Sénégal à devenir une plaque tournante logistique de l’Afrique de l’Ouest à travers son soutien à d’autres projets portuaires du Sénégal comme le Port Multifonctionnel de Ndayane pour lequel; il a d’ores et déjà annoncé une participation 2 milliards de FCFA du Japon au financement des études.
A en croire M. Ozuma Izawa le Japon va aussi promouvoir la coopération commerciale, scientifique et technologique avec le Sénégal ainsi que des échanges dans le domaine de l’industrie, de la culture et du sport et le développement du capital humain. ‘ Nous marcherons ensemble' » a promis M. Izawa.Abondant dans le même sens, le Ministre délégué auprès du Ministère des affaires étrangères du Japon, M. Yamada Kenji a rappelé l’engagement du Japon, renouvelé lors de la Conférence de Tokyo sur le Développement de l’Afrique (TICAD 8) tenue à Tunis en Aout dernier, pour la réalisation d’une Afrique résiliente et durable en cheminant à ses côtés en tant que »Partenaire pour le Développement du continent ». Pour lui, le soutien du Japon à ces deux projets portuaires du Sénégal contribuera à renforcer la connectivité et à développer la Zone de Libre Echange Continentale Africaine (ZLECAF). Il participera également à la stabilité en tant que vecteur de développement régional.
A noter qu’avant cela, plusieurs quais avaient déjà été libérés afin de permettre aux navires en rade de décharger des produits de première nécessité notamment les produits céréaliers.
Après la décongestion du Port de Dakar, la prochaine étape est l’achèvement des grands chantiers tels que les port de Ndayane, Bargny Sendou, les ports secs et la desserte ferroviaire.
Pour rappel, le Sénégal et le Mali ont des échanges commerciaux très intenses depuis des décennies atteignant ainsi plus de 250 milliards FCFA, symbole de la relation très féconde et ancienne entre les deux pays. Un autre grand symbole c’est le fait que c’est un privé malien qui a réalisé la construction. Aussi, pour améliorer l’environnement logistique dans le port de Dakar, et permettre aux pays enclavés tels que le Mali, de sécuriser leurs moyens logistiques, ce projet de réhabilitation du môle 3 a été lancé en 2019 et entièrement financé par l’Agence japonaise de coopération (JICA) à hauteur de 23 milliards de FCFA. Il apporte une réponse concrète à une vielle doléance des acteurs portuaires sénégalais et maliens exprimée lors d’un forum économique entre le Sénégal et Mali. Selon des données de la BCEAO, le Sénégal est le 1er fournisseur communautaire du Mali, en terme d’exportations et de transit, représentant fin 2019 environ 19 % des importations totales maliennes. Ce projet intégrateur redonnera au Mole Hamaciré Ndouré la place de choix dans le stockage de marchandises en transit qu’il a toujours été depuis la convention de 1963 entre le Sénégal et le Mali modifiée en 1990 qui l’avait érigé en Zone franche.
Par Bacary SEYDI